Confort ou inconfort, je m'en fiche : Objectif atteint !

Il y a 6 ans, je quittais mon poste "confortable" de professeur des écoles.
Il y a 6 ans, il quittait son poste "enviable" de directeur de banque.
Il y a 6 ans, nous vendions notre maison, notre nid, notre foyer "plutôt luxueux"
...
Et nous quittions la région qui nous avait adopté pendant 10 ans pour rejoindre nos pénates, notre VAR, notre région natale.

Nous avons tout quitté! Nous avons osé ! Nous avons sauté le pas (pour beaucoup infranchissable) de nous jeter dans la gueule du lion, sans trop savoir à quoi s'attendre.


Nous avons d'abord fait des projets, qui sont tombés à l'eau, qui nous ont coûté beaucoup d'argent, beaucoup de désillusion et une immense rancœur à l'égard de cet homme qui nous avait escroqué, mettant en péril notre famille.

Et finalement cette malencontreuse "rencontre" nous a aiguillé vers un nouveau destin.
Depuis plus de 5 ans, nous avons fait le choix d'être commerçants/artisans. 
Une pizzéria, un modeste restaurant de village qui a suffit suffisait à notre bonheur...au début !

Effectivement, depuis, nous avons une vie décousue, une vie pénible, un lourd fardeau de  responsabilités à porter chaque jour (que nous soyons au boulot, en vacances, en week-end ou dans notre plumard...les soucis nous suivent sans cesse).

C'est un train de vie que je ne souhaite pas forcément pour mon fils, un métier difficile, avec des horaires compliqués (surtout quand on a des enfants). Des week-end à bosser, des soirs à travailler (sans connaître l'heure de notre retour à la maison...les joies du service!!!), les jours fériés derrière le four...et un seul "putain" de jour de repos par semaine. Trop court ! Bien trop court ! De sorte qu'à 38 ans (en seulement 5 ans de travail en tant qu'entrepreneur) j'ai l'impression d'avoir pris 15 ans.

Fatigue permanente, tension permanente (ça va avec!), besoin urgent de vacances, de repos, de répit. Et les jours qui s'enchainent sans perspective de congés.

Pas de vacances parce que trop peu de travail pour cracher dans la soupe. Trop de concurrence, trop d'envie de zapper de la part des clients...qui fait que nous, petits commerçants, devons tenir le cap, rester ouverts et répondre à la demande.
En 5 ans nous n'avons fermé que 5 week-end !

Enfin sans entrer dans la polémique, le commerce de proximité, le petite commerce, les petits patrons sont ponctionnés... nous sommes asphyxiés par les taxes, les charges, sans avoir les moyens d'embaucher plus. Et nous nous désespérons de travailler tant pour gagner si peu. Parce que OUI c'est une vérité générale : les petits commerces souffrent, meurent et ne sont pas aidés. 7 jours de carence quand nous sommes malades, pas de sécurité sociale digne de ce nom, pas de retraite valable...nous crevons et notre moral en pâtit. Et encore je ne vous parle pas de notre "réputation"... tout le monde pense que nous sommes "riches", bien lotis et que nous vivons à notre aise. Faux ! Archi faux ! Et c'est cette vision "des autres" qui nous fait mal. Nous sommes les oubliés de la société, ceux qui doivent se démerder seuls, ceux qui peuvent crever seuls, ceux qui portent sur leur dos le poids du travail, des emmerdes, des charges, des responsabilités ...et sur qui on crache trop souvent.
Cette vision du "petit patron" m’exaspère et me fait mal au fond de moi.
C'est un ressenti de plus qui s'ajoute à tant de (re)sentiments complexes engendrés par notre métier.

Alors oui, clairement, on en chie. Au quotidien. Et en plus de ça, on ne peut même pas se payer une maison (même petite), pour avoir une bouffée d'oxygène, pour se faire plaisir le seul jour de congé que nous avons. Nous sommes confinés dans nos commerces (comme une punition...alors que nous sommes l'un des poumons de la société puisque nous embauchons, nous créons de l'emploi!) et nous n'avons pas accès aux autres loisirs.

Sale vie !

Quand je pense au confort de vie que nous avions avant : 

Job - garantie de l'emploi - sécurité sociale - congés payés - arrêts maladies payés - congés maternité - maison - jardin - 2 voitures - moto - vacances - frigo plein - 

horaire de fonctionnariat...

Confort de vie que nous avons laissé, un jour, en quittant la Loire, en décidant de devenir patrons, en décidant de créer de l'emploi, en décidant de nous rapprocher de nos familles, en décidant de retrouver nos racines, en décidant de faire le choix de la liberté !

Aujourd'hui, notre vie est bien plus inconfortable financièrement, moralement et physiquement, mais malgré tout, je ne regrette rien (même si j'ai tout à regretter...ou presque!) car mon objectif premier est atteint !

J'ai pu mettre en route "ma fabrique à souvenirs"...j'ai partagé du temps avec mon fils ! Et ça, ça n'a pas de prix! Je le vois grandir ! Je prends le temps, pour lui, pour nous, quitte à vivre "dans la précarité" (même si je n'en suis pas à ce point-là ...mais par rapport à notre ancienne vie...ça y ressemble!).

Aujourd'hui, je peux dire avec une immense fierté que j'ai fait l'impasse sur notre confort matériel au profit de notre confort familial et affectif.
Notre lien parent-enfant est démultiplié.

Je vis tout proche de mon commerce (trop proche, dans un appart, avec du bruit au quotidien et sans jardin, surtout sans jardin :-(...) Mais je peux voir mon fils quand je veux. Nous sommes à deux pas (à pied) de l'école, du commerce, de son lieu de jeu favori (la placette du village).
Il ne mange pas à la cantine. Il ne va pas à l'étude. Il ne va pas non plus au centre-aéré.
Il est sans cesse avec nous. On se fabrique des souvenirs ! On profite les uns des autres.

C'est difficile de me débrouiller avec lui au boulot ! En plein coup de feu. Mais sa présence à nos côtés vaut de l'or. Il a une vie plus que confortable (lui), il est dans un cocon.
Et moi, avec ce boulot, je peux l'accompagner à l'école, aux sorties scolaires, je peux aller voir ses spectacles et ne rater aucun moment formidable de sa vie ! Je m'organise pour être à ses côtés lorsque c'est utile, important, ou tout simplement lorsque j'en ai envie !

Objectif atteint !

Alors OUI, notre confort de vie est bien médiocre, mais notre famille est unie, et nous profitons pleinement de le voir grandir ...mon seul regret : ne pas pouvoir lui offrir une maison avec jardin pour qu'il profite des jeux en extérieur qu'il adore par dessus tout ! 

Ça viendra peut-être ...

Et vous, votre quotidien ? Prêts à changer de vie ? Quel est votre objectif ?