samedi 22 mars 2014

Je vous raconte ma grossesse #1

 La galipette de la douleur du bonheur


Il y a quasiment 6 ans jour pour jour, cette position était déjà ta position favorite. 
Les fesses bien ancrées dans le sol et la tête bien haute. 
Il y a 6 ans (déjà) tu étais confortablement installé dans cette poche douillette que j'avais fabriqué rien que pour toi. Et là aussi, tu étais assis sur tes fesses et ta tête venait chatouiller les parois de mon estomac. 
Tes petits pieds, eux, irisaient souvent le bas de mon ventre me faisant comprendre que tu avais hâte de nous rencontrer.


Et pourtant, il y avait une embûche à la rencontre. Tu ne pouvais pas venir au monde avec ton siège (trop difficile à faire passer lors de ta sortie ! J'imagine pas l'épisio de fou qu'il faut pour sortir un siège !). Il fallait que tu te tournes, il fallait que tu décides de faire ta galipette ou alors il fallait que je décide d'accoucher par voie basse alors que tu étais en siège. 

Nous avons tenté pas mal de techniques différentes pour favoriser ton retournement. 
D'abord, l'acupuncture. C'est bien parce que c'était pour la bonne cause que j'ai accepté de relever ce défi, parce que franchement, moi et les aiguilles ça fait ...une trentaine d'aiguilles plantées dans le corps...pour tenter de retourner mon petit Grain de Riz (c'était le surnom qu'on t'avait choisi pendant ma grossesse).  J'ai pris sur moi, je devais essayer toutes les méthodes naturelles pour que tu parviennes à basculer la tête en bas. Alors à chaque "toussotement (c'était la technique employée par le médecin), on me plantait une aiguille dans une partie du corps bien définie. Après avoir planté les 30 aiguilles disséminées ça et là sur mon corps j'ai du attendre, plus d'une heure, que le travail agisse. 
Seule dans le cabinet, sur la table d'acupuncture, je t'ai parlé, j'ai sollicité ton retournement, t'expliquant que ce serait plus facile pour toi de venir au monde la tête la première.
Mais rien à faire...quelques jours plus tard, lors de la vérification auprès de la gygy, aucun mouvement significatif. Tu étais toujours en siège.

Alors nous sommes allé chez un ostéopathe, qui lui aussi, pouvait intervenir pour retourner le bébé en douceur. Il m'a (un peu) manipulé, il a agit sur divers endroits de mon ventre, de mon dos, de mon bassin. Et il a dit d'attendre, quelques jours. Pour voir si ses manipulations avaient eu raison de ta tête de linotte. 
Et non ! Aucun résultat. Tu étais bien décidé à nous montrer ton derrière, pour notre première rencontre dans un mois. 

La sage-femme, quant à elle, lors de nos rendez-vous hebdomadaires, a choisi de me faire travailler tout en douceur en essayent de favoriser ton retournement par une libération d'espace. On a fait plusieurs exercices d'assouplissements et de respiration pour libérer de l'espace dans mon ventre afin que la galipette ait lieu.
A raison d'une séance par semaine et d'un travail acharné et studieux, pas de réaction de ta part.

Décidément, ça se vérifie encore maintenant, tu es une vraie tête de mule. Et pourtant j'ai tout tenté. Je t'ai caressé en essayant de te montrer dans quel sens tu devais tourner. Je t'ai parlé. Je t'ai menacé même ! Mais rien !

Alors, fin du mois de mars 2008, nous avons pris un rendez-vous chez la gygy pour discuter des solutions qui se proposaient à nous pour l'accouchement avec un bébé en siège.
Autant vous avouer de suite que je ne suis pas très copine avec tout ce qui est "médical" en général. Moins on m'en dit mieux je me porte. Phobie due aux différentes visites à l’hôpital que j'ai du faire enfant alors que mon père était très malade.

SOLUTION 1 
Accouchement par voie basse avec un bébé se présentant en siège 
Je craignais beaucoup cette solution. Je craignais pour ta santé, je craignais que mon accouchement devienne gore,  qu'il soit difficile et trop médical. Je craignais que tu souffres de cette situation, que ta venue au monde soit sanglante. 
Pour moi cette solution était impossible !

SOLUTION 2
Accouchement par césarienne
Cette solution était la moins pire du point de vue médical mais je voulais assister à ta venue au monde, je voulais être actrice de ce moment. Si je n'avais pas le choix, c'est cette solution que je choisirais, mais je serais déçue. Un premier accouchement, MON premier accouchement je voulais le sentir, le vivre, l'expérimenter, je voulais te faire venir au monde avec mes tripes.

SOLUTION 3
La version par manœuvre externe
La version est une manœuvre qui consiste à retourner le bébé dans l'utérus, afin que sa tête soit vers le bas. Le médecin pose ses mains sur le ventre de la femme enceinte et déplace doucement le bébé dans la bonne position.
Wouahou ! 
Cette solution pouvait me permettre d'accoucher normalement par voie basse tout en comportant plusieurs risques notables : risque d'accouchement au moment de la manipulation, souffrance pour toi et moi lors de la manipulation...


Après de longues heures de discussion avec Loulou, mais aussi avec notre entourage, nous avons pris la décision de tenter notre chance lors d'une version. 
Pourtant, nous avions beaucoup d'avis négatifs autour de nous. On a tenté de nous faire renoncer en nous disant que la version était risquée, que ça faisait mal, que le taux de réussite de 37% n'était pas suffisamment élevé pour prendre un tel risque...
Mais nous avions fait notre choix à deux.

A moins d'un mois de ma date présumée d'accouchement, la gygy avait programmé ma version. 
A ce moment-là, le jour J, mon cœur se serrait, je voulais que tu te retournes, je voulais avoir la chance de te mettre au monde par voie basse en assistant à tout mon accouchement, mais j'avais une trouille immense d'accoucher. Car le risque de la version est que le bébé se trouve (à un moment donné) en souffrance et que les médecins aient à provoquer un accouchement pour le libérer. 
Je ne me sentais pas prête à accoucher, il manquait 1 mois à ma grossesse. Il manquait 1 mois de tête à tête, 1 mois de câlins rien qu'à deux, 1 mois de préparatifs aussi, dans ta chambre, dans la maison, 1 mois de derniers achats...bref, je voulais encore profiter du dernier mois de grossesse qu'il me restait.
Je ne me sentais pas prête ! Tout simplement.

Hôpital Nord, Saint-Etienne, un 31 mars 2008, je passais d'abord un scanner, un scanner du bassin afin de vérifier qu'il était assez large en cas de complications. 
Ce scanner fut l'occasion (unique) de te photographier, de photographier nos deux squelettes côte à côte. 

Je flippais énormément à ce moment-là, mais le souvenir reste inoubliable.

Ensuite, nous avons été dirigé vers le service maternité pour subir la version. 
On n'en menait pas large Loulou & moi. Les doutes se sont installés dans nos esprits. On était penauds, inquiets et angoissés de faire ce grand saut vers l'inconnu.

En salle de pré-accouchement. 
Allongée sur le lit, d'un côté j'étais reliée au monitoring pour observer ton rythme cardiaque et d'un autre côté j'étais reliée à une perfusion médicamenteuse permettant de détendre mon utérus.
Au départ très tendue, j'ai fini par me relaxer complètement au point de prendre des fous-rire et de dire n'importe quoi. 
Soit j'essayais de me changer les idées soit la perfusion commençait à me shooter complètement. 

Et puis le médecin est arrivé. 
Il m'a expliqué en ces termes le déroulement de la version : "Madame, Monsieur, je vais positionner mes mains sur le ventre de Madame. Je vais attraper délicatement la tête de votre bébé, et je vais le basculer vers votre bas ventre. Si ça vous fait trop mal, vous me le dites et on arrête. Sauf qu'à un moment, je ne pourrais plus stopper, la tête sera définitivement engagée vers le bas et je devrais terminer la manipulation coûte que coûte."
"Des questions ?"

... Oui ! Quand est-ce que vous commencez qu'on en finisse?

Il a effectivement attrapé ta tête, il l'a faite pivoter lentement vers le bas. Et j'ai crié une première fois. Il s'est arrêté. La douleur était insoutenable. Et puis j'avais peur, très peur. Ton Papa, lui, se tenait au bout du lit et me tenait les pieds (histoire que je ne mette pas un bon coup de pied au médecin, de réflexe bien sûr...). 

Et il a recommencé, une douleur plus intense encore, mais j'ai essayé de respirer et de lui laisser un peu de temps. Et puis il a fait une pause de lui-même. Ouf ! 
Ton cœur battait normalement, le mien était plus actif que jamais.

Il a encore recommencé, ses mains étaient à présent au niveau de mes basses côtes, tu avais déjà un peu tourné je crois. Et puis il a intensifié son geste, retenant ta tête pour ne pas que tu rebascules dans l'autre sens, il a forcé le passage, j'ai senti comme une déchirure, comme une décharge, j'ai crié, attrapé le bras du médecin, tiré sa blouse  pour qu'il arrête, demandé de tout stoppé mais il a continué (c'était LE moment fatidique)...et puis j'ai senti un bouleversement dans mon ventre, comme une vague, comme de gros gargouillis...
Tu avais la tête en bas !!!!

 J'avais réussi. On avait réussi, tous les 4 : toi, Papa, le médecin et moi.

Nous étions aux anges ! La version était une réussite et il n'y avait pas eu de complications. 
Par contre, j'ai eu un mal de chien (plus douloureux, plus intense que l’accouchement que je vivrais dans quelques semaines mais beaucoup moins long). 
Ca a duré quelques minutes, quelques minutes qui ont changé le cours de ma grossesse.

Nous sommes resté encore une heure après la version, pour contrôler ton état et le mien. 
J'étais vidée de toutes mes forces mais heureuse.
Et Loulou, lui, était soulagé de voir que tout le monde allait bien.

L'après-midi qui a suivi ainsi que les jours suivants (au moins 5 ou 6 jours), je me suis sentie abattue, comme rouée de coups. La version a laissé sur mon corps une empreinte douloureuse. J'ai même eu quelques bleus qui sont apparu sur mon corps.

Tu as finalement décidé de suivre le chemin que t'avais indiqué le médecin. Tu es resté la tête en bas jusqu'au jour de l'accouchement. Parce qu'il faut savoir que parfois, la version fonctionne sur le moment, mais le bébé finit par reprendre sa position en siège.

Aujourd'hui, 6 ans plus tard, je ne regrette pas d'avoir subi cette version. Peut-être parce que je n'ai pas eu à affronter de complications. En tous cas, cela m'a permis d'accoucher naturellement par voie basse. 


Aujourd'hui 6 ans plus tard, tu es là, tu n'as pas souffert de cette version et ta petite tête de linotte me rappelle chaque jour à quel point tu es têtu !




Quelques liens utiles pour se renseigner sur la version :



6 commentaires:

  1. 6 ans déjà...!!! Je m'en rappelle comme si c'était hier! Gros bisous à toi et tes loulous.

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    1. Oui, toi aussi tu as vécu en direct cet évènement ! Gros bisous ma Cece

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  2. Je me rappelle de ma mère qui a dû en subir une pour Aurélie et après avoir bien souffert aussi, le soir même, ma soeur se retournait pour reprendre sa position initiale, sauf que la veille d'accoucher, elle s'est mise tête en bas...tu parles de tête de mule !! :-)
    Heureusement que ça a eu le résultat escompté, c'est le plus important
    Gros bisous ma Gogole

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    1. Comme quoi ! Ca n'est pas du tout sûr à 100%, et c'est un acte difficile. Toutefois, ça donne parfois de belles surprises !
      Tu vois je ne pensais pas que ça existait à l'époque de ta maman.
      Bisous ma Gogole

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  3. J"ai faille vivre la même expérience mais c'est moi qui n'était pas en état de subir cette version...hyper tension artérielle :-( Du coup Césarienne...je l'ai très mal vécu mais finalement je me dis que le principal c'est que nos loulous se portent bien !!! C'est le PLUS important bises

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    1. Tu as bien raison, avec le recul, le plus important c'est que nos enfants soient à nos côtés aujourd'hui. Mais je comprends ta frustration. Cela dit si ta santé n'était pas bonne, ça n'aurait pas été une bonne idée parce que tu vois, après j'ai été mal plusieurs jours.

      Bises

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