lundi 2 juin 2014

Assise sur un banc de l'église, j'ai observé

Hier, c'était la messe des familles.

Mais késako ? 
La messe des familles, c'est un rendez-vous "d'avant baptême" (pour nous le baptême c'est dimanche prochain !!!) qui permet aux familles, et surtout aux plus jeunes, de mieux trouver leur place et de participer un peu plus activement à la célébration.

Enzo a 6 ans, il aura donc une place privilégiée durant son baptême. C'est pourquoi nous avons tenu à participer à cette messe des familles, hier, durant la messe du dimanche matin, pour que Mini Loulou s'imprègne du lieu, et participe davantage à la célébration de dimanche prochain.
Se sentir à l'aise dans l'église, comprendre les raisons de son baptême, prendre ses repères avec le curé... nous paraissaient indispensable.




Je vous campe le décors : 
L'église était archi-bondées (genre salle de spectacle) :  300 croyants, béni-oui-oui, invités, religieux, non-croyants, superstitieux, bien pensants, pratiquants, pieux, peut-être même quelques hâtés et autres personnages hauts en couleurs avaient envahit la maison de Dieu, dont NOUS
Arrivés à 10h15 (un peu à la bourre certes) nous n'avons pas eu d'autre choix que de nous assoir sur le côté de l'église, sur un banc minuscule, accolé au confessionnal, de sorte que nous ne voyons absolument pas ce qui se passait "sur la scène".  
En arrivant en retard, notez que nous avons (bien sûr) croisé toutes les personnes que nous ne voulions pas croiser : curé, curé adjoint, clients aussi... Mais bon, au moins, ils savent que nous étions présents!
Une "salle de spectacle" donc, mais avec des billets bas de gamme, 3 places dans un recoin de l'église, sans avoir aucun accès visuel à la "scène".


Et puis la messe a commencé. Au départ, nous étions tous les trois très concentrés. On essayait de suivre le discours du curé (en chef). Nous étions silencieux, presque un silence monacal dirons certains.
C'était une messe peu ordinaire, basée sur le chant, le chant d'une femme accompagnée par tous ceux qui souhaitaient pousser la chansonnette dans la salle l'église.  Un moment agréable quoique frustrant car nous ne voyons rien du spectacle. Une sorte de Charlie Chaplin à l'envers : des mots, mais pas d'image. Sensation bizarre !

Enzo a été le premier à se lasser. Mais ce petit chenapan avait tout prévu. 6 ans mais très malin le gosse ! Il avait emporté sa sacoche (car il ne pensait qu'à une seule chose : faire les puces en sortant de l'église), et dans sa sacoche, il avait pris soin de sélectionner quelques jeux forts adéquats dans une église bondée : des sous, des pièces (au toucher sonore qui roulent et filent se caler sous les pieds des "spectateurs"), une balle rebondissante (qui a une force de "rebondissement" incroyable), des bonbons (au papier froissant et bruyant) et quelques petits jouets sans importance. 
Il savait, avant même de partir, qu'il allait s'ennuyer. 
Il s'est donc assis par terre (comme un clodo) et a joué après nous avoir dit texto : "Moi, je ne fera pas baptiser mon enfant". Nous :"Pourquoi?". Lui "Parce que j'aime pas la musique !" (raison valable ?)
C'est alors qu'ont fusé quelques "Chut!", "Tais-toi!", "Assieds-toi!!!" et "Ne dis pas ça, sinon on annule le baptême" ainsi que  d'autres injures que je tairais par respect du lieu (en tous cas,les injures ont été dites à voix basse).

Enzo est donc parti en vrille, courant dans l'église, se frottant au sol, essayant de rattraper sa balle rebondissante qui partait voir du pays. 

Loulou (le grand) commençait lui aussi à s'impatienter. Il marmonnait dans son coin, en demandant si c'était "obligé" d'être là. Je faisais mine de ne rien entendre (j'ai du talent pour ça). Et parfois, il sortait son portable, feignant de regarder l'heure alors qu'il consultait ses mails. 
Il écoutait parfois la célébration du curé en protestant son désaccord à qui voulait bien prêter une oreille attentive.
Et surtout, Môsieur ralait de devoir se lever, s'assoir, se lever, s'assoir...et tout cela avec un temps de retard puisque nous ne voyons pas les "consignes" du curé. Nous suivions le va et vient vertical des "comédiens pratiquants" que nous avions sous nos yeux.

Je vous dis "comédiens" car j'avais l'impression d'assister à un spectacle. 
Assise à la perpendiculaire du reste de l'assemblée, je n'avais pas d'autre distraction que d'observer ce microcosme religieux qui tenait sa représentation sous mes yeux.
Et quel beau spectacle !
J'y ai vu une mère et sa fille (ayant respectivement 70 et 50 ans) se tenir par la taille, serrées l'une contre l'autre, se souriant parfois...elles avaient dû perdre quelqu'un de cher et se soutenaient mutuellement.
Et cette fille qui venait probablement d'acheter ses premières chaussures à talons "pour l'occasion" (baptême, messe ou communion que sais-je) et qui faisait les 100 pas devant nous comme pour se faire à la douleur de ses chaussures. 
J'y ai vu cette jeune fille à l'air mi aguicheuse (mon mari dirait "les yeux qui crient braguette") mi sainte-ni-touche qui suit le catéchisme chaque week-end et qui assiste aujourd'hui à la messe d'un ton narquois, son portable à la main. 
J'y ai vu toute cette famille de catho qui se tenaient par la main et chantaient tous en coeur, pendant que les deux ados de la famille se marraient en bout de banc.
J'y ai vu quelques poignées de "cagoles"  apprêtées comme jamais, ayant sorti leurs plus belles robes et leurs plus belles chaussures à talons  parce qu'elles étaient "de communion". 
J'y ai vu cette mère, d'une trentaine d'années à peine, prier à même le sol, ayant laissé son fils au bras de son grand-père...sans doute venue chercher un réconfort que peu de gens peuvent lui fournir.
J'ai vu ce couple de papi mamie, main dans la main, priant les yeux fermés, comme imprégnés par la grâce de Dieu.
Et ces personnes de la paroisse, que nous croisons chaque jour dans notre commerce, et qui nous faisaient signe, un par un, nous témoignant ainsi leur "bonheur" de nous voir parmi eux. 
J'y ai vu ce vieux bonhomme endormi sur sa béquille, se demandant bien pourquoi il avait quitté son lit.
J'ai vu de nombreux "figurants", adossés aux murs de l'église, attendant patiemment (ou pas) la fin de la messe pour aller déguster un bon repas de cérémonie.
J'y ai vu aussi cette pauvre femme, que je vois souvent seule dans la rue, qui doit probablement chercher ici un peu d'humanité et de chaleur humaine.

Plus la messe a duré, et plus je me suis enfermée dans ma bulle. Loulou et Mini Loulou ont fini par partir, avant la fin (bande de mécréants), et moi je suis restée, parce que je me sentais bien. Je me sentais bien, là, devant ce spectacle unique. Comme si j'avais passé l'après-midi, assise à la terrasse d'un café, observant les aller venue des passants.
Le curé en chef ayant passé son tour, c'est le curé adjoint qui prit la parole, et son accent d'une autre  nationalité mêlée au son défectueux du micro ont fait que je me suis prêtée au jeu du "je dévisage tout le monde" puisque je ne comprenais plus rien à ce que j'entendais. Pas d'image, et plus de son, juste le spectacle devant mes yeux d'une société particulière. 
J'ai observé attentivement chaque personne qui m'entourait, et j'ai senti une forme de bien-être. Non pas grâce à la parole religieuse, mais grâce à cette communion des êtres.

Si seulement la société actuelle pouvait être davantage soudée, davantage liée, davantage reliée aux autres. 

Nous avons fini, au bout de 1h30 de messe, par faire une prière, une prière pour tous les enfants du monde, une prière pour que tous les enfants du monde vivent heureux et en bonne santé. 

Là, je me suis rendue compte (une nouvelle fois encore) que le trésor de la vie, c'est les enfants. Et qu'il faut passer notre temps à les aimer, à les choyer, à jouer avec eux, à les câliner, parce qu'un enfant heureux est un enfant qui fera un adulte bien dans ses baskets. 

Alors voilà, nous sommes allé à l'église, à la messe des familles. Parce que nous y étions (un peu) obligés. 
Mais moi, je ne regrette pas d'y être allée. J'ai pris un bain de foule incroyable. Je me suis imprégnée de paroles "religieuses" pour en faire ma philosophie de vie, dans ma vie de citoyenne tant éloignée de toute religion. 
Comme quoi, ça fait du bien d'ouvrir son esprit aux autres (même le temps d'une messe).

Un petit clin d’œil humoristique pour dédramatiser ce billet, plein d'humour !


Rendez-vous à dimanche prochain, au baptême d'Enzo,  pour la suite de notre cheminement "religieux".


2 commentaires:

  1. Je suis deg, encore un comm qui n'a pas fonctionné...
    Grrrr....
    Je te disait merci pour ce joli récit qui m'a donné la chair de poule...
    J'ai ressentie les émotions lorsque nous faisions la préparation au mariage, on se sentait bien pendant la messe et après la messe, partager avec des personnes que tu ne connais pas, donner, un sourire, une poignée de main, ...
    Du coup on avait voulu tester avec clément, et pas n'importe quelle messe, celle de Noël, blindée de monde, Clément avait été terrible, certe il était plus petit (3 ans), mais comparé à d'autres qui étaient super sage, on avait du partir avant la fin, car je n'en pouvais plus...
    Et quand je lis qu'Enzo à 6 ans n'a pas tenu le coup, je ne retentirais pas ... et c'est bien dommage, car ça me manque parfois de me ressourcer dans un endroit tel que l'église...
    Allez je suis sure que Dimanche tout ira bien et qu'Enzo sera au top, et vous guérit !
    Bises bonne journée

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    1. Merci pour ta "chair de poule", j'ai vécu un moment unique et je voulais le partager ici.
      C'est vrai que c'est dur pour les enfants de rester assis, surtout dans une église, sans bouger et sans s'ennuyer.
      Ce que je voulais avant tout c'est une première imprégnation du lieu avant le baptême.
      Décidément, on a pas mal de points communs hein ?
      Bises

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