Enzo est un petit garçon assez privilégié. Depuis le début de sa scolarité, il ne mange pas à la cantine.
Pourquoi me direz-vous ?
- parce que nous avons le temps de nous en occuper
- parce qu'en tant qu'ancienne maîtresse je suis contre les journées à rallonge de nos enfants à l'école
- parce que nous sommes absents le soir à la maison, donc ça nous fait un moment avec lui en journée
- parce que petite, je n'aimais pas ça
Il a donc la chance de pouvoir rentrer à la maison, faire une coupure à l'école, ce qui n'avait pas l'air de lui déplaire jusqu'au jour où il nous a demandé de manger à la cantine, en novembre dernier, pour partager son repas avec sa petite fiancé, Nina.
Il a demandé à manger à la cantine les lundis et jeudis ( mêmes jours que sa petite chérie) pour être avec elle.
Connaissant mon petit loup (qui ne reste pas loin de nous bien longtemps), j'ai d'abord douté, puis j'ai accepté sa demande sachant bien que cela lui ferait du bien, à lui comme à nous. Si vous voyez ce que je veux dire ! Surtout que cette année, nous le gardons le midi, à la pizzéria, alors que nous bossons. Je vous laisse imaginer l'humeur dès qu'il se lève en plein coup de feu !!!
Depuis début novembre, donc, Enzo mange à la cantine, et pleure tous les lundis et jeudis voire même, il commence à pleure la veille au soir, pris d'angoisses.
A présent, cela fait deux mois qu'il y mange à raison de deux fois par semaine et à chaque fois c'est le même cinéma : la veille, le matin même (dès le réveil), en allant à l'école, en le laissant à la porte de la classe, mais aussi au moment d'aller à la cantine et de manger... En plus de son appréhension, l'ATSEM, pas très maligne pour le coup, enfonce le clou en lui disant "que s'il pleure encore elle le séparera de sa petite chérie Nina". Génial comme réaction, ça va l'encourager ça !
Bref, il va à l'école à reculons, appréhende ces deux jours de cantine et c'est pas marrant, ni pour lui ni pour nous (surtout pour moi).
On lui a demandé ce qui ne lui plaisait pas à la cantine et il a répondu qu'on lui manquait, que la journée était longue et qu'il n'aimait pas ce qu'il mangeait (lui qui a un appétit d'oiseau et qui mange lentement, très lentement...)
J'en ai le cœur gros de le laisser ces deux matins, en pleur. J'en ai d'autant plus le cœur gros qu'il n'est pas obligé d'y manger. Bien sûr que ça nous soulage au boulot, de travailler sans lui, bien sûr que ça nous évite de nous échapper du restaurant 2 fois par jour pour aller le chercher et le ramener à l'école, bien sûr que lundi (notre seul jour de congés) nous sommes heureux de nous retrouver en couple... mais voilà, je pars du principe qu'il va vite grandir, que l'on doit profiter de ces moments privilégiés...et puis, toujours avec mon regard d'ancienne maîtresse, je trouve ça moche qu'il aille à l'école à reculons, avec l'angoisse à cause de la cantine. Il fait un amalgame de la cantine et de l'école. Tout est à mettre dans le même panier si on l'écoute : Il ne veut pas aller à l'école parce qu'il y a cantine et du coup se braque pour toutes les activités les jours de restaurant scolaire.
Bref, j'ai eu gain de cause ! Auprès du papa bien sûr, qui lui, refusait de le désinscrire. Je sais qu'il n'a pas tort au fond, je sais que ça n'est pas si horrible de manger à la cantine mais mes arguments sont eux aussi valables, et ajoutés à mon grand cœur de maman, la MAMAN IMPARFAITE que je suis a eu gain de cause (je vous avais prévenu !!!)
Dès la semaine prochaine, Enzo ne mangera plus à la cantine, et en lui annonçant, j'ai vu le soulagement dans ses yeux. C'est ma récompense.
Ma mère m'a dit : "Et si tu n'avais pas le choix !"
Mais j'ai le choix, je peux encore le garder, alors pourquoi le faire souffrir et lui créer des angoisses inutiles? C'est vrai que c'est lui qui a demandé, mais à 5 ans et demi, on ne sait pas trop ce qu'on veut. Il a essayé, c'est déjà bien. Nous avons tenu deux mois. C'est un échec.
A tenter à nouveau quand il sera plus grand.
Certaines mamans s’étonnent peut-être de mes propos, se disant que je suis dingue de céder, que certains enfants n'ont pas le choix et qu'ils n'en sont pas "morts"...et vous n'avez pas tort !
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