lundi 5 mai 2014

Un frère Franciscain

J'ai fait une rencontre !

Et pour vous narrer cette rencontre extra ordinaire (pour moi en tous cas), les mots m'échappent. Je n'aurais jamais cru pouvoir m'entretenir autant de temps et avec autant d'enthousiasme avec un homme d'église, moi, pourtant si éloignée de la religion.

Hier, j'ai nous avons eu la visite d'un membre de notre famille, isolé du reste de la famille depuis quelques années, parce qu'il a eu "la révélation de Dieu". Il est parti, laissant derrière lui sa vie, son appartement, sa voiture, ses amis, ses biens, sa famille...pour intégrer un couvent Franciscain.
Plus de relations sociales avec l'extérieur, plus de technologie (ni TV, ni tablettes, ni téléphone, ni internet), pas même de la musique. Une vie austère, entièrement tournée vers Dieu. Et à l'époque, il avait une vingtaine d'années.


Aujourd'hui il a 27 ans, il est venu nous rendre visite et nous a "expliqué" sa démarche. Démarche qui restait complètement inouïe et farfelue à nos yeux.

Il avait tout pour être heureux. Mais vraiment tout : un appart, un job qui rapportait, une belle voiture, un bateau, un jet ski, toute la technologie voulue, de l'argent...Il pouvait flamber, réaliser tous ses projets et bien plus encore. Mais un jour il s'est posé la question du "sens de sa vie". Malgré tous les projets qu'il menait à terme, il lui manquait quelque chose. Les projets se succédaient, mais ne lui laissaient qu'un vague souvenir. Le temps passait, toujours plus vite, le lendemain était source d'envie, de convoitise...et quand le lendemain arrivait, il espérait le jour d'après. 
Il avait tout ! Et pourtant, il sentait un vide en lui, un vide qu'il n'arrivait pas à combler.


Et puis il s'est mis à prier...(ne me demandez pas ce qui animait ses prières, ne me demandez pas pourquoi la prière fut son choix à ce moment-là), toujours est-il qu'il a prié, et qu'il a trouvé la paix dans la prière. 

A force de prier, il a eu la révélation, celle de tout quitter, de se rapprocher de Dieu et de laisser derrière lui sa vie de débauche, sa vie luxueuse, sa vie "normale".

Il a intégré le couvent. A disparu de la "circulation", s'est isolé du reste du monde, de sa famille, de ses amis et a adopté un mode de vie totalement différent.
Aujourd'hui il vit en vase clos, il prie, étudie, s'isole et vit avec d'autres personnes ayant eu la même révélation. 

Alors hier soir, quand il est apparu dans l'ouverture de la porte de la pizzéria, on a d'abord été surpris, puis très heureux de le voir, de le retrouver et de pouvoir parler avec lui et le comprendre. Comprendre "son coup de tête", son départ, comprendre les raisons de son isolement. Et nous en avons profité pour parler. Nous avons parlé jusqu'à 3h30 du matin (et encore, y avait tant d'autres choses à dire, tant d'autres thèmes à aborder, tant d'autres questions à poser).

 Nous avons parlé avec un homme en soutane, un chapelet et une corde à nœuds autour de la taille, des sandales et une petite barbe, un homme à l'opposé de nos idéaux, de nos critères de beauté et de notre "normalité" et pourtant... On avait bien plus de choses en commun que ce que nous pensions...

Une discussion interminable au sujet de Dieu bien sûr (mais ici, sur mon blog, ça n'est pas le sujet, ça n'est pas le sujet car je n'y connais rien en religion, parce que ma croyance est plus personnelle qu'universelle), mais surtout une discussion au sujet de l'Homme, du sens de nos vies, des attitudes de l'Homme, de ses travers, de ses envies. 

Aujourd'hui, il étudie dans son couvent, il prépare une licence en philosophie. C'est pas rien !
Et en étudiant, il a ouvert son esprit au monde qui l'entoure, même si lui, est enfermé. 

Voici ce que j'ai pu retirer de notre discussion exceptionnelle et peu banale :

L'Homme ne vit pas au moment présent. 
C'est vrai, quand on se penche sur nos vies, on remarque à quel point nous sommes reliés au futur. Tout ce que nous faisons à un but bien précis. On ne fait rien pour rien. Tout est tourné vers le futur de sorte que nous ne "dégustons" pas le moment présent. Pour l'Homme en général, le moment présent est déjà du passé. Nous nous inscrivons dans une logique d'évolution et de ce fait, nous oublions l'essentiel, à savoir le présent.  On est souvent présents physiquement mais nos esprits vagabondes.
L'Homme est plein de projets, sans cesse, et court toujours après un nouvel accomplissement.
Nous ne savons pas vivre le présent et en apprécier toutes les saveurs, nous sommes sans cesse en train de réfléchir à améliorer notre vie, à faire des projets parce que nous n'arrivons pas à être heureux de ce que nous avons.  Nous sommes sans cesse dans l'action et très peu dans la contemplation (même si je n'aime pas trop ce mot, trop "religieux" pour moi). Dans notre société, un homme sans projets est un homme inintéressant. 
L'Homme s'occupe (trop) de son corps et trop peu de son âme.
Régimes (et je suis bien placée pour en parler) sport, gélules minceur, appareils de musculation, salles de sport, produits de beauté, anti-cernes, anti-rides, crèmes anti-cellulites... tout ça c'est pour notre corps, ok. Pour convenir aux dictats de la mode. De notre société qui vise sans cesse la perfection du corps. Un corps mince, sans cellulite, élancé, bronzé... Mais l'âme ? Qu'est-ce qu'on en fait de notre âme ? Peu de gens se posent la question de savoir si leur âme est belle, si leur âme est riche. Tout ce qui compte c'est l'enveloppe, c'est l'extérieur, c'est ce qu'on voit. Mais une personne est bien plus riche à l'intérieur qu'à l'extérieur, à condition bien sûr, d'entretenir son âme. 
La spiritualité aide à entretenir son âme, mais pas seulement, tout le monde n'est pas enclin à adhérer à la religion. Y a aussi la relaxation, les médecines parallèles centrées sur les énergies, les psychothérapies, le yoga...et tout simplement le repli sur soi (à quelques moments de sa vie) pour recentrer ses actions, réfléchir sur sa place dans le monde, réfléchir sur ses idéaux, ses envies, ses faiblesses...pour s'améliorer. 
Les Hommes ont peur de se retrouver face à eux-mêmes, et préfèrent se voir (beaux ou importants) dans le regard des autres, en s'arrêtant seulement au physique. Et puis quand on y réfléchi, le culte du corps c'est cause perdue, notre corps va s'enlaidir, automatiquement, il va grossir, se flétrir alors que l'âme elle...
L'Homme ne nourrit pas assez son âme.
Nourrir son âme, nourrir sa personne, nourrir son être c'est pas si simple. Et pourtant, par de petites actes quotidiens c'est possible. Par exemple, moi, j'essaye de dire à mes proches que je les aime (le plus souvent possible), ça nourrit mon âme parce que je suis une personne aimante. Par exemple, j'essaye d'avoir au moins une bonne action par jour (même minime) : j'aide quelqu'un d'une manière ou d'une autre. Ca fait du bien intérieurement. Certes ça ne se voit pas, mais tampis. Par exemple, j'essaye de faire plaisir à mes proches, à ma famille au moins une fois par jour... Et j'ai des tas d'autres exemples comme ça, faciles à réaliser et qui permettent à nos âmes de se sentir bien dans leurs baskets. C'est en se retirant mentalement du monde quelques instants (en réfléchissant sur soi) qu'on s'ouvre au monde.
L'Homme est exclusivement centré sur lui-même défiant le reste des Hommes qui l'entourent. 
J'ai également compris, à travers son récit, qu'il fallait davantage se tourner vers les autres. Il y a un temps pour soi (qui est primordial) et un temps pour les autres. Qu'il faut apprendre à ne pas juger, à ne pas jalouser, à ne pas détester...juste accepter l'autre tel qu'il est.
C'est là mon point faible...


Cette rencontre a donné une nouvelle dimension à mon être. 
Je suis quelqu'un qui a besoin de progresser, de se sentir bien dans ses baskets, d'avoir une certaine ligne directive proche de mes convictions. Je souhaite être une personne plus posée, plus tranquille, plus "sage" et le discours de ce cousin m'a ouvert des perspectives. Pas vraiment du côté religieux mais plutôt d'un aspect philosophique. Voir la vie différemment.

Enfin, nous avons abordé un sujet qui nous touche tous et toutes : la société actuelle.
Lui, au couvent, isolé du reste de la société, peut évidemment plus facilement se moquer de son apparence et ne se soucier que de son âme. Il a les moyens de réfléchir, de prendre du recul sur lui-même. Il peut bien plus facilement prendre le temps, profiter du présent et vivre sans projets. Dans son couvent, il peut ignorer la technologie. Il peut échapper à l'envie, parce que mis à l'écart des "tentations"...MAIS NOUS ! Dans nos sociétés. Dans notre société qui va à 100 à l'heure. Dans notre société hyper saturée de nouvelles technologies. Dans notre société écrasée par la publicité, par la consommation à outrance. Dans notre société ultra centrée sur le physique. Comment pouvons-nous appliquer ces quelques règles de base énumérées plus haut ? Ca n'est pas impossible, mais c'est très difficile. Et il faut lutter pour que, non seulement, nous appliquions ces quelques règles mais surtout pour être capables de les transmettre à nos enfants.


C'est marrant parce que cette rencontre finalement, a juste fait écho aux questions que je me pose chaque jour. Des questions existentielles, des questions personnelles, des questions d'éducation, des questions sociales...
C'est un "homme d'église" (privé de toutes relations sociales ancrées dans le monde réel) qui m'a fait toucher du doigt tous nos travers de citoyens du monde : envie, vitesse, précipitation, addictions, jalousie, craintes, peur, luxure, culte du corps, projets à répétition... Tout cela nous anime à tel point que nous oublions les aspects essentiels de la vie : la famille, l'amour, le temps qui passe, l'amitié, le plaisir, l'aide ou l'entre-aide, le partage...

Alors j'espère ne pas vous avoir choqué avec ce billet. Je ne voulais pas du tout (et je m'en excuse si vous en avez eu la sensation), je ne voulais pas du tout un billet qui prêche la religion catholique.
Je souhaite que ce billet prenne une forme plus philosophique et permette à chacun et chacunes d'entre vous de se recentrer vers l'essentiel pour vivre mieux et en harmonie avec vous-même !

La venue de ce frère Franciscain, je l'ai pris comme une LEÇON DE VIE !
(et non comme un appel à la prière)



2 commentaires:

  1. Je suis toujours impressionnée par les personnes qui arrivent à tout quitter du jour au lendemain pour passer complètement à autre chose ! Je trouve que c'est une force immense ! C'est beau ! Ca donne envie parfois... Mais la réalité ; le quotidien nous rattrape bien vite...
    Merci d'avoir partagé ce moment avec nous ;-)

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    Réponses
    1. Oui ça a le don de me fasciner moi aussi. Surtout à un tel point, tout quitter, tout laisser derrière soi...c'est juste héroïque.

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