mardi 26 août 2014

Parents : quand on se sent coupables !

 
A l'aube de sa rentrée au CP, alors que nous avons travaillé une bonne partie de l'été pour réviser les acquis de grande section, je me rends compte qu'Enzo n'est pas au point pour une rentrée sereine.

Le cahier de vacances, les petits exercices "faits maison", les jeux interactifs...tout me montre qu'Enzo a des lacunes scolaires et qu'en plus de ça, il a beaucoup de mal à se concentrer.

Alors bien sûr, je suis allée chercher le pourquoi du comment. Pas question de le laisser à son sort, sans aide, sans recours et surtout sans comprendre.



Je me suis d'abord concentré sur les "devoirs", sur ses aptitudes scolaires.
J'ai lu (et relu) ses livrets scolaires, et j'ai eu beau les relire, rien ne prédisait qu'il avait des difficultés. Bien au contraire. La maîtresse parle d'un "élève moteur", son maître de musique parle d'un "élève doué". Et ses résultats à proprement dit sont loin d'être mauvais. Seules quelques compétences sont en cours d'acquisition à la fin de la grande section.

Voilà pourquoi je ne me suis pas penché sur son cas plus tôt. D'accord il écrivait quelques lettres à l'envers parfois mais sinon, rien ne nous avait mis la puce à l'oreille.
Et étant professeur des écoles de profession, j'avais mis un point d'honneur à ne pas interférer dans son parcours scolaire de maternelle (sauf en cas de problème...mais personne ne nous a alerté ! Décidément zéro pointé pour la maitresse de GS)

Cet été, donc, nous nous sommes pris au jeu du "cahier de vacances", juste pour réviser, pour préparer sa rentrée en douceur pour qu'il ne commence pas l'année avec des échecs. Sauf que le jeu a vite tourné au cauchemar. Je me suis rendue compte qu'il écrivait 5 des 10 chiffres à l'envers, que pour les lettres de l'alphabet, c'était pareil. Il ne les connait pas toutes, ne les écrit pas toutes dans le bon sens, il ne les reconnait pas autrement qu'en lettre bâton... 
Pour le reste, no soucy, il gère, il compte bien, comprend bien,  a de la logique...
Mais pour les apprentissages fondamentaux, c'est loin d'être acquis.

Notez qu'il est fort possible que j'en rajoute un peu parce que cette fois c'est de MON enfant dont on parle, que je ne veux pas qu'il soit en échec... mais quand même ! D'un œil d'experte, il est en difficulté.

Le 1er problème que j'ai décelé c'est son MANQUE DE MATURITE. Un manque de maturité certain. Il n'est pas encore entré dans son rôle d'élève. Il ne comprend pas le sens du travail (à son niveau), n'a pas envie de se surpasser, ne veut pas s'améliorer...seul le jeu compte (voilà pourquoi je vais tenter de passer par le jeu, dans un premier temps, pour atteindre les compétences de base).

Au fur et à mesure de notre travail, je me suis aussi rendue compte qu'Enzo ne tenait pas en place. Il bouge beaucoup, il est impatient, il pense à autre chose alors qu'il est en plein travail, se déconcentre à la moindre occasion.

Le 2ème problème, c'est la CONCENTRATION. Il souffre d'un manque de concentration certain. Il est volage, papillonne de droite à gauche et perd le fil de ce qu'il fait.


Alors je me suis posé des questions. Alors, nous nous sommes posé des questions.
Je m'en veux qu'il ne réussisse pas à connaître les lettres, à écrire les chiffres correctement. C'est la base ! Et on a beau répéter encore et encore, il n'y arrive toujours pas.
Alors je me sens coupable. Parce qu'après de nombreuses recherches sur le net et avec mes propres connaissances de l'enfant, je sais qu'Enzo, à force de l'aimer, de le protéger, de le gâter a du mal à prendre son envol. Il n'a que 6 ans, certes, mais il devrait (peut-être) être davantage ouvert à l'extérieur.
Mais je ne sais pas faire autrement !
Je l'aime, on l'aime et c'est comme ça que nous concevons notre amour de parents.

Et puis nous sommes aussi coupables de par notre métier de commerçant. Enzo, malgré ce qu'on en dit, a été bouleversé depuis notre changement de vie. Il a une vie confortable, n'en doutons pas, un appartement, une école à deux pas, ses grands-parents tout proches, un cadre de vie stable.
Sauf que... sauf que son rythme de vie est différent de celui de la majorité des autres enfants. Et je pense qu'il est déstabilisé par ce rythme.
D'abord, petit, il a été réveillé la nuit lorsque nous venions le récupérer chez Pépé & Mémé après notre service.
Et puis, ensuite, il a été gardé (chez nous) par une nounou, tous les soirs. Ce fut le début de ses réveils nocturnes. Il fallait qu'il soit sûr que nous soyons rentrés.
Et aujourd'hui, on le garde davantage, nous ses parents, mais c'est un coup l'un, un coup l'autre, ou les grands-parents, et un soir par semaine sa nounou. De sorte que chaque jour il nous pose sa sempiternelle question "C'est qui qui me garde ce soir?".
Ça me fait mal au cœur de lui imposer ça !
L'équilibre que la majorité des parents entretiennent le soir chez eux est illusoire chez nous.
Son rythme est décalé, il se couche souvent tard (sauf pendant l'école où on est intraitables sur le sujet), il ne dort pas dans son lit toutes les nuits, ne s'endort plus seul... Je me sens coupable mais je n'ai pas honte de le dire, car il faut être commerçants (surtout avec un commerce du soir et de nuit) pour le comprendre. On n'a pas eu d'autre choix!
Je vois parfois des bouquins qui traitent du sujet "des mamans qui travaillent", comment gérer vie professionnelle et vie de parents? Il y a des tonnes de bouquins au sujet des mamans débordées,mais aucun sur les mamans commerçantes, celles qui ramènent le boulot, les soucis à la maison. Aucun bouquin qui traite des horaires des mamans commerçantes. Et pourtant y en a tant à dire !

Ce rythme n'est pas le meilleur rythme qu'on puisse imposer à son enfant. Et pourtant il n'est pas à plaindre, il se lève avec nous le matin, on l'amène à l'école, il ne mange pas à la cantine, ne va au périscolaire ni au centre aéré...mais le soir, nous ne sommes pas toujours là pour créer un cadre harmonieux et équilibré. Nous n'avons pas calé notre vie sur lui, mais lui a du se caler sur notre emploi du temps différent.

J'ai lu à plusieurs reprises que le manque de concentration était parfois du aux problèmes de sommeil et de rythme de vie. En effet, l'attitude d'Enzo, lorsqu'il papillonne, lorsqu'il va à droite et à gauche ressemble fortement à son rythme de vie.

Tout s'explique. Notre rythme de vie est tombé sur lui. Il ne se plaint pas mais au fond, l'enfant doit souffrir de cette instabilité. Et comme nous culpabilisons de ne pas lui offrir tout le confort nécessaire, nous compensons par l'amour que nous lui donnons, infini, sans limites. Notre temps libre est pour lui pour compenser ce déséquilibre. Du coup, nous sommes assez fusionnels, on se câline beaucoup, on écoute ses envies... et on ne l'aide pas à grandir.

Quelle belle merde !
Parce que tout ce que nous faisons, nous le faisons avec le cœur, pensant que c'est le mieux pour lui.
Parce que nous ne savons pas faire autrement.
Parce que nous sommes ce genre de parents qui vouent une grande partie de leur vie à leur enfant, parce que c'est normal, parce que ça nous semble naturel.
Nous avons vécu 10 ans à deux, nous avons beaucoup profité,  et c'est tout naturellement que quand Enzo est venu au monde, notre emploi du temps s'est calqué sur SES envies et plus sur celles de notre couple. Ça nous paraissait normal !

Aujourd'hui, j'ai cerné le problème. Aujourd'hui je sais clairement pourquoi notre relation parents-enfant est comme ça. Et ça ne doit pas mener à des critiques, nous avons notre vécu. Loulou a eu des parents commerçants et ne veut pas que le commerce passe avant son enfant, moi j'ai perdu mon père tôt voilà pourquoi je veux partager beaucoup de moments avec mon fils. On a tous un passé, une histoire qui conditionne nos vies de parents.

A nous de rectifier le tir, à nous d'aider Enzo à grandir, à prendre de l'assurance, à s'ouvrir aux autres pour qu'il prenne son envol... (plus facile à dire qu'a faire)


Être parent n'est pas chose facile !

 

Venez partager avec moi cette formidable (et déstabilisante) aventure "d'être parents"...
Avez-vous aussi cette culpabilité en vous ?

4 commentaires:

  1. Aaron est pareil il n'est pas dans son rôle d'élève ni dans une posture. En tant qu'educatrice spécialisée je te laisse imaginer tout ce qui m'a traversé l'esprit sir de possible difficulté. J'ai culpabilisé car jusqu'à ses deux ans et demi je travaillais la nuit en internat et que je m'occupe des fosses des autres et je ne suis pas disponible pour le mien.
    Et puis je me suis questionnée sur ce qu'on attend d'un enfant en maternelle et j'arrive à la conclusion que je fais ce que je peux en tant que maman et que je trouve qu'on attend d'eux une posture pas simple à leur âge. On met la barre très haut je pense par rapport aux possibilités d'en enfant de leur âge.
    Après concernant les apprentissages et les cahiers de vacances je me rends compte qu'il est plus facile pour aaron de se concentrer avec sa maîtresse qu'avec moi. Les enjeux affectifs ne sont pas les mêmes.
    Des bisous à maman imparfaite. Nous faisons partie du même club...
    Sandra

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    1. Coucou Sandra, c'est vrai que l'école met la barre un peu trop haute, c'est une réalité. Le problème, c'est que certains enfants sont déjà dans la lecture, parce que les parents leur mettent la pression et parce qu'ils sont plus doués, du coup ce que je ne veux pas c'est que mon enfant soit "à la ramasse" et qu'il se sente en échec dès le début.
      Bref, je fais de mon mieux, y a des jours où je suis plus patiente que d'autres. Je le prends comme un jeu pour lui en espérant qu'il progresse malgré tout.

      En tous cas tu as raison, je suis une maman imparfaite, nous sommes des mamans imparfaites et c'est un club qui ne compte plus ses membres tant il y en a!

      Gros gros bisous

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  2. Oulala mais moi je trouve que vous vous mettez bien la pression ! Ton enfant n'est même pas encore entré au CP ! Moi je trouve ça fou qu'en dernière section de maternelle on veut presque que les enfants sachent lire et écrire ! Laisse lui le temps de rentrer au CP de prendre ses marques et tu verras bien à ce moment là.

    Tu sais une des petites filles dont je me suis occupée de ses 9 mois à la fin de son CP, au début du CP ça a été très dûr de lui faire comprendre que les devoirs c'étaient obligatoire, elle, elle prenait ça comme un jeux comme à la maternelle quand on leur propose une activité mais qu'ils ne sont pas vraiment obligé de la faire.

    Ses parents et moi - même on ne savait pas très bien comment lui expliquer que maintenant au CP c'était différent que quand la maîtresse disait de faire quelque chose c'était obligatoire que maintenant c'était du travail et non du jeux comme à la maternelle.

    Ça a duré 1 mois et demie - 2 mois et maintenant elle rentre en CE2 et tout va bien elle fait partie des premiers de sa classe. Il lui a juste fallut le temps de comprendre le changement !

    Je pense donc qu'il faut attendre de voir comment ça se passe, de lui laisser le temps de prendre ses marques et surtout le suivre sans trop lui mettre la pression comme ma mère a fait avec ma soeur et moi et comme la soeur de ma mère bien plus jeune fait aujourd'hui avec ses enfants. Ça nous a complètement dégoutté de l'école. Toujours derrière nous, ne trouvant jamais nos résultats assez bon, à passer des heures le soir sur nos devoirs pou nous faire progresser, à nous faire faire tous les exercices de la page du livre alors que les profs nous en avait donné que un ou deux à faire. C'était l'enfer !

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    1. Tu as raison Milune, sur le fait de lui laisser le temps. C'est un passage difficile que le CP et je souhaite que cela se fasse en douceur. J'ai juste pris conscience qu'il n'avait pas acquis les compétences de fin de GS, et que dans cette configuration là, il aurait du mal à suivre dès le départ. Voilà pourquoi je l'aide chaque jour à se mettre à niveau.
      Mais je suis loin, très loin, de lui infliger la dictature de "la meilleure note" du "maman n'est jamais contente". Au contraire je me réjouis de chacun de ses progrès. Je ne demande pas qu'il sache lire là, maintenant, mais qu'il ait juste les bases pour démarrer la lecture sereinement.

      Et puis, y a toujours cette histoire de culpabilité où on se demande si leur manque de concentration n'est pas de notre faute !

      Arf... dur dur !
      Bises

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